C’est au domicile de ses parents, au 5 avenue de Saint-Maurice à Maisons-Alfort en région parisienne, que François Rodon naît le 7 août 1922. Son père, André Rodon, est employé de commerce et deviendra plus tard hôtelier; sa mère Lucile (née Petit), est femme au foyer. De son enfance nous ne savons pas grand-chose, mais ce qui est sûr c’est qu’il se fait remarquer à 12 ans et entame une brève carrière cinématographique.
En 1935, dans le film historique «Pasteur»,écrit, réalisé et interprété par Sacha Guitry et supervisé par Fernand Rivers, François Rodon incarne Joseph Meister, le jeune alsacien de 9 ans, mordu par un chien à plusieurs reprises en juillet 1895, qui fut vacciné contre la rage par le docteur Jacques-Joseph Grancher après que Louis Pasteur accepta d’expérimenter son traitement. Joseph Meister ne développa pas la maladie. Son traitement fut le premier cas de vaccination antirabique sur un sujet humain.La même année, on le voit dans le rôle de Tortillard, gamin rusé et fourbe, dans l’adaptation du roman de Eugene Sue «Les mystères de Paris», dirigé par Félix Gandéra, où il côtoie Lucien Baroux et Madeleine Ozeray. Robert Péguy s’intéresse à cet acteur en herbe et lui offre des rôles dans quatre de ses réalisations. «Jacques et Jacotte» (1936) d’abord, où il est le partenaire de Jacotte et Roger Tréville; puis la comédie «Ma petite marquise» (1937) où il retrouve Jacotte, «Grand-Père» (1939) auprès de Pierre Larquey dans le rôle-titre, et surtout «Notre Dame de la Mouise» (1940), où François Rodon interprète Marcel surnommé Gosse de Pou, un adolescent révolté de seize ans, qui vole sa mère, l’insulte et la quitte, dans ce drame sociale où un jeune prêtre, incarné par François Rozet, s’efforce de construire une église malgré l’hostilité des habitants dans une banlieue parisienne envahie par la misère. Raymond Bernard l’emploie aussi dans son drame «Le coupable» (1936) aux côtés de Pierre Blanchar en riche avocat qui tombe amoureux d’une jeune fleuriste jouée par Madeleine Ozeray. En 1942, il fait sa dernière apparition au cinéma dans le court-métrage de Pierre Ramelot, «Les corrupteurs», film de propagande allemande qui accuse les Juifs de délinquance juvénile et de scandales financiers pendant l’entre-deux-guerres. Martine Carol y fait une apparition en jeune cousette.
François Rodon est un des rares enfants à fréquenter les studios de doublage.Son titre de gloire est de prêter sa voix à l’enfant-star américain d’origine indienne Sabu, dans les principaux films de ses débuts, nous pouvons notamment citer «Le voleur de Bagdad» (1940), film d’aventure réalisé par Ludwig Berger, Michael Powell et Tim Whelan; «Le livre de la jungle» (1942) de Zoltan Korda d’après le roman de Rudyard Kipling; ou «Les mille et une nuits» (1943) de John Rawlins. Après la Guerre, on perd la trace de ce jeune comédien qui pourtant avait tous les atouts pour poursuivre sa carrière. Peut-être a-t’il provoqué le désintérêt de la profession pour avoir grandi trop vite! ou bien sa participation au film «Les corrupteurs» lui a-t-elle nuit! Nul ne le sait à ce jour. Devenu gardien et totalement oublié de tous, François Rodon décède le 13 octobre 1969 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le 13ème arrondissement de Paris. Il laisse dans le deuil sa femme Françoise Petriccione qu’il avait épousé le 16 février 1954 à la mairie de Paris 17.