Alice Tissot voit le jour le 1er janvier 1890, dans un Paris encore émerveillé par l’inauguration de la Tour Eiffel. Adolescente elle s’oriente très vite vers le chant et la comédie. En 1907, elle rencontre Louis Feuillade, directeur artistique de la puissance compagnie de production cinématographique Gaumont. Elle devient l’une de ses actrices favorites.
Leur collaboration va se poursuivre jusqu’au décès de Feuillade, dix-huit ans plus tard. Elle participe, bien sûr, aux grands feuilletons à succès de Feuillade comme Les sept péchés capitaux (1910). Après la première guerre mondiale, Alice Tissot, toujours fidèle à son Pygmalion, a pour partenaire Fernand Herrmann qui interprète l’avocat Jacques Varèse dans Barrabas (1919).
Elle le retrouve dans Les deux gamines (1921) aux côtés de Lugane, actrice et compagne du cinéaste. Alice travaille, en 1924, une dernière fois avec Louis Feuillade qui, assisté de son beau-fils, réalise Lucette avec la jeune Bouboule dans le rôle-titre. En 1925, la comédienne poursuit sa carrière au cinéma dirigée par Henri Desfontaines pour L’espionne aux yeux noirs (1925) avec la célèbre danseuse espagnole d’origine gitane Maria de Albaícin, ainsi que pour quatre numéros de Belphégor (1926) avec René Navarre.
En 1925, la comédienne tourne enfin son premier long métrage, Gribiche avec Françoise Rosay, épouse du réalisateur Jacques Feyder. Approchant de la quarantaine et femme de caractère, c’est une interprète confirmée au théâtre et dans des opérettes d’Albert Willemetz. Des réalisateurs dont la notoriété ne va pas s’éteindre avec l’arrivée du parlant, n’hésitent pas à l’embaucher.
Alice Tissot travaille en particulier avec Henri Chomette et son frère René Clair. Ce dernier la dirige d’ailleurs dans Le chapeau de paille d’Italie (1927) avec Albert Préjean. Elle tourne aussi en Allemagne Cagliostro (1928), sous la direction de Richard Oswald.
On se souvient bien de sa prestation dans Les dames au chapeau vert, d’abord au théâtre puis au cinéma, en 1929, grâce à André Berthomieu et, en 1937, dans une version parlante de Maurice Cloche.
La comédienne interprète des rôles variés. C’est la mère de Charles Bovary dans Madame Bovary (1933) de Jean Renoir. Elle apparaît aussi aux côtés de Fernandel et campe une Madame de Grand Air plus vraie que nature dans l’adaptation par Pierre Caron de la célèbre bande dessinée Bécassine (1939) de Pichon et Languereau.
Pendant l’occupation, Alice Tissot est Dame Léonarde dans Le Capitaine Fracasse (1942) dirigé par Abel Gance. Elle se retrouve également dans la version de Pierre Gaspard-Huit, réalisée en 1960, avec Jean Marais remplaçant Fernand Gravey dans le rôle principal.
Au cours des deux décennies suivantes, Alice tient encore l’affiche dans une vingtaine de films, souvent des comiques sans prétention comme «La joyeuse prison d’André Berthomieu avec Michel Simon en gardien-chef et Darry Cowl en avocat bafouillant. En 1961, elle fait une dernière apparition cinématographique comme figurante dans la super production Le jour le plus long.
Les téléspectateurs la voient encore une fois en 1963. Dans une émission de variétés, elle joue l’institutrice de Sheila qui chante L’école est finie. Puis Alice Tissot prend une retraite bien méritée avec près de quatre cents films à son actif. Alice Tissot s’éteint à Paris, le 5 mai 1971, des suites d’un cancer du larynx.